ARRIVAGE D’OBJETS DE PRESTIGE DES ILES SALOMONS
Connaissez-vous le TRIDACNA GIGAS, le bénitier géant ?
Plus communément appelé le bénitier, le nom vous évoquera certainement les contenants d’eau bénite des églises. Mais pour les peuples océaniens, il s’agit d’ un matériau noble et précieux datant de la préhistoire pour confectionner des objets énigmatiques, fascinants et rarissimes.
Depuis des millénaires, le bénitier représente dans la zone pacifique un animal mythique, parfois totémique. Considéré comme fondateur du clan pour la population du Vanuatu, il établit un lien avec les dieux dans la région du détroit de Torrès.
Matière d’exception, le bénitier fossile a donné naissance à des objets uniques réservés aux hommes de pouvoir de Mélanésie.
Nul besoin d’être initié aux arts premiers océaniens pour comprendre à quel point ces objets sont extraordinaires !
Devant une parure ou une monnaie des Iles Salomons, deux ressentis nous envahissent. D’abord le blanc si pur du bénitier confère toute l’élégance à cet objet si singulier. Ensuite, devant les lignes façonnées par les sculpteurs, si épurées, on ne peut que s’incliner devant leur qualité plastique incontestable.
L’harmonie des formes, l’équilibre des pleins et des vides marquent un vrai sens de la proportion, et apportent aux objets un caractère puissant et subtil à la fois. C’est le paradoxe de cette matière, très lourde, très dense, qui s’apparente à un bloc de marbre au départ, extrêmement difficile à travailler et qui devient pourtant dentelles dans les mains habiles des sculpteurs, .
Ces objets uniques, récemment arrivés à la galerie, ont été dénichés directement par les hommes de la famille Auclair : mon père et mon frère se sont en effet rendus en septembre à Honiara, capitale des Iles Salomon pour vous les rapporter.
Acquérir des pièces comme celles-ci n’est pas une mince affaire. Je tenais à leur rendre hommage pour la persévérance et la pugnacité qu’ils ont démontré lors de ce voyage. Ces trésors en bénitier fossilisé sont le fruit de leur détermination.
La plaque BARAVA:
Considéré comme l’objet le plus sacré et respecté de cette région, la plaque Barava est sculptée à partir d’une plaque plate, taillée dans la coquille fossilisée d’un bénitier imposant. La base est constituée d’un ou plusieurs anneaux, au-dessus desquels des motifs composent une incroyable dentelle rassemblant des petits personnages accolés les uns aux autres. Ces plaques témoignent de l’identité du clan et de sa richesse.
La monnaie MAU LAVATA:
Ce disque impressionne par son diamètre et son épaisseur. Cet anneau imposant possède la même signification qu’une plaque Barava et incarne le titre de propriété sur une terre. Utile en cas de guerre, il est échangé afin de ramener la paix entre les clans ennemis.
Les “working” KESAS:
Les “large” Kesa sont des objets de prestige confectionnés en bénitier. Les “fines” Kesa ou “working” Kesa proviennent eux des tubes de Kuphus, mollusque vivant dans les bois flottant de la mangrove, dont les larves s’installent et se protègent en formant une galerie de vase, de sable et de calcaire. Ce tube est d’une très grande fragilité : pas plus de 2 mm d’épaisseur le compose. Il est ensuite découpé pour constituer la monnaie.
La possession d’un grand nombre de ces monnaies donnait du prestige et marquait la position du chef de clan qui les gardait précieusement. Les Kesas servaient également de garantie pour un prêt ou compensait un événement important comme un décès ou un mariage (5 Kesas pour la dot de la mariée).
Les pendentifs LA’ONIASSI:
Ce sont des disques polis, percés et gravés sur une face de motifs noirs. Les dessins sont gravés à l’aide de dents de rats, plongés dans du noir obtenu à partir de fruits locaux. Le plus souvent, c’est une frégate parfois stylisée aux ailes déployées qui est représentée : un symbole fort que les chefs arborent fièrement, ces pendentifs étant principalement portés par les hommes autour du cou, des bras ou de la tête.
Les anneaux BARAVA :
Les anneaux Barava sont constitués d’un anneau de base du même diamètre que la sculpture se trouvant au-dessus. De face ou accroupis, des personnages anthropomorphiques forment l’objet.
Le Zaru est un anneau surmonté de deux figures dos à dos, assises de profil et genoux au menton. D’autres modèles sont composés d’un personnage et d’un oiseau et servent comme monnaie de mariage.
L’anneau Barava Kuwojo, identifiable par une sculpture de pigeon à crête bleutée endémique aux Iles Salomon, est l’emblème de cette île.
Mystérieux, évocateurs, originaux, décoratifs, pleins de sens, ces objets du bout du monde n’attendent que vous à la galerie Tema : je me ferai un plaisir de vous les présenter en exclusivité du lundi au mercredi sur rendez-vous, et du jeudi au samedi de 10h30 à 18H30 en continu à la Galerie Tema !
A bientôt
Julie
Textes extraits du livre Tridacna gigas aux éditions “Au vent des Iles”